La souveraineté numérique, pourquoi ?  @EmmanuelMawet
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    Article N°24135

    La souveraineté numérique, pourquoi ? @EmmanuelMawet

    Je me permets de vous partager un article rédigé pour mon site www.effisyn-sds.com.
    Ma conviction profonde depuis un certain nombres d'années, c'est que nous ne pouvons pas continué à laisser partir nos entreprises productrices de valeur sous des cieux meilleurs car elles ne trouvent pas les conditions hospitalière dans leur terroir d'origine... C'est ce qui m'a poussé à créer ce site www.effisyn-sds.com afin de donner un peu de visibilité à nos acteurs du numériques et industriels et de replacer ceci dans un contexte de souveraineté.

    Il m’a fallu un certain temps avant d’arriver à formaliser ce sentiment qui me taraudait. Constatant que le numérique en particulier, mais aussi toute l’industrie de hautes technologies devient le futur de notre économie, et que les seuls grands noms à de rares exceptions près qui monopolisent l’espace public sont américains, coréens et chinois, il est temps de rebattre les cartes… Même les japonais qui ont été pendant des décennies les leaders sur ce marché sont devenus des acteurs de second plan…
    Pourtant en France et en Europe, nous avons des esprits brillants, et des universités et écoles d’ingénieurs qui les produisent. La France est d’ailleurs une terre d’innovation et d’inventions, mais qui voit souvent ses pionniers aller développer leurs découvertes sous des cieux plus propices…

    Souveraineté et paysage numérique dans les différentes contrées

    Si vous faites un tour dans le monde du numérique, ce nouveau territoire de conquête économique, que pouvons-nous observer comme type d’acteur ?
    Tout d’abord une catégorie qui me semble importante, car issue de la philosophie fondatrice du web et du vent de liberté et de gratuité qui est surgi avec son développement : Les acteurs de l’Open Source. Il s’agit souvent de communautés de développeurs autour d’une technologie qui donne accès libre au code source. Leur rémunération repose à la fois sur des dons, dépendant du militantisme des utilisateurs, et sur leurs capacités à proposer des services sur l’installation et la maintenance des solutions proposées.
    Nous avons ensuite des acteurs économiques « privés », mais qui en fonction de leur pays d’origine se retrouvent plus ou moins inféodés au pouvoir politique en place et à la doctrine qui a vu leur naissance.
    Commençons par le premier d’entre eux, les Etats-Unis et les GAFAM, mais aussi toutes les start-ups innovantes gravitant dans leur écosystème. Le numérique a tout de suite été vu comme un nouvel outil de suprématie américaine (L’express), avec la volonté d’imprimer sa culture, son mode de vie et sa vision économique et morale du monde à l’ensemble de la communauté mondiale. Les instruments de cette hégémonie qui se manifeste plus particulièrement en Europe du fait  de sa passivité, sont les GAFA (Touteleurope.eu), je dirais même les GAFAM, car n’oublions pas Microsoft qui a su devenir incontournable dans le domaine de la Suite Office pour les applications bureautiques professionnelles mais pas seulement… Grâce à l’engouement suscité par des produits innovants qui ont su séduire le grand public et par une approche de fausse gratuité, où ce sont vos données qui leur servent à se rémunérer. Ces données, nos données, sont à l’origine de la fabuleuse accumulation de cash (LesEchos) que ces entreprises ont réussi à générer, leur permettant l’éclosion d’un écosystème de start-up innovantes par des financements : Uber, AirBnB, etc… Mais surtout leur a permis de racheter un nombre de start-up innovantes US ou étrangères afin de les faire tomber dans leur giron : WhatsApp, Instagram par exemple pour Facebook, Fitbit pour Google, Skype pour Microsoft…
    Nous continuerons par le meilleur ennemi des américains, la Russie. L’empire soviétique, mise à terre par les différentes courses technologiques et à l’armement, s’est désagrégé avec la chute du mur de Berlin, et la Russie a mis du temps à se relever. Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir d’un homme fort, Poutine, le pays retrouve une certaine fierté de lui-même. Malgré une économie chancelante et encore trop dépendante des matières premières, Poutine en s’appuyant sur des oligarques a su reconstruire une Russie puissance à travers un rétablissement pragmatique de ses forces armées, où nombre d’innovations ont vu le jour, essentiellement dans le secteur de la défense. Mais Poutine a compris la menace que représentait la puissance numérique américaine et la dépendance qui en découlait, et pour la contrebalancer a mis en œuvre certaines initiatives comme la création d’un internet souverain (sputnik). Par ailleurs la Russie, grâce à un système éducatif qui a permis l’éclosion de grands mathématiciens, a aussi quelques pépites du numérique comme Kapersky pour les antivirus, mais aussi le concurrent Russe du moteur de recherche de Google qui est Yandex. Malgré une méconnaissance pour ma part de l’écosystème Russe, on s’aperçoit à l’aune de ces quelques exemples que l’on peut se libérer ou atténuer l’emprise numérique américaine, lorsqu’il y a une volonté politique forte.
    Passons maintenant du côté de la zone Asie avec des situations bien différentes entre la Corée du Sud et le Japon d’une part, alliés des US et la Chine d’autre part, nouveau meilleur ennemi des américains.
    Pour la Corée et le Japon, leur spécialisation s’est plutôt tournée vers le matériel, processeurs, écrans, et smartphone. Ils ont aussi quelques licornes, mais c’est un marché que je connais beaucoup moins bien et qui semble à l’heure actuelle assez restreint à cette zone géographique. Il y existe néanmoins quelques acteurs emblématiques comme la messagerie instantanée nippo-coréenne Line, qui a généré un chiffre d’affaire supérieur à WhatsApp (2014).
    Pour la Chine, c’est une toute autre histoire. Forte d’une population de plus d’un milliard d’habitants, d’une économie à la fois hyper libérale et administrée et sous contrôle total du pouvoir, la Chine s’est vu confier la fabrication de tout le « hardware » (pc, smartphone, puces, etc…) et a pu ainsi dans un premier temps copier puis innover dans le domaine des nouvelles technologies. La chine est à la fois le fournisseur de matériels informatiques et télécoms (5G…) du monde occidental, mais a su développer des géants de l’internet plus puissants par certains côtés que les GAFAMS, comme TikTok, Alibababa, Baidu, Xaomi, Huawei, WeChat, filiale de  Tecent, , etc… Dans le cas de ces applications, une chose est certaine, vos données seront exploitées par le gouvernement chinois et le concept de données privées n’existe pas dans la terre du milieu…
    Parlons de l’Europe, mais cela va être court… Non pas qu’il n’existe pas de solutions françaises ou européennes de qualité, ce site essaie justement de les mettre en avant, mais il n’y a aucune volonté politique de construire une Europe puissante dans le numérique. Peut-être la pandémie qui nous a frappé durement, a- t-elle permis une prise de conscience intellectuelle chez nos décideurs, mais cela ne se traduit hélas pas encore dans les faits comme le montrent ici deux décisions que je trouve emblématiques du malaise français et européen : la Commission Européenne qui recommande comme messagerie sécurisée, la messagerie américaine Signal! Alors qu’il existe des solutions françaises comme Olvid… Et le deuxième exemple peu glorieux est celui du cloud Microsoft pour la plateforme des données de santé, alors qu’il existe des solutions souveraines et certifiées pour les données de santé comme OVH ou Outscale
     

    Pourquoi la souveraineté est un concept important ?

    Si la lecture du paragraphe précédent n’a pas commencé à vous faire prendre conscience de l’intérêt de reprendre la destinée numérique de l’Europe en main, voici quelques éléments explicites.
    La possibilité de maitriser nos données tout d’abord pour des raisons économiques. Comme vu précédemment ce qui a permis aux GAFAM de s’enrichir au point d’être plus puissants que certains états dans le monde, c’est le fait que nous leur avons « librement » donné accès à nos données et les droits d’usage en échange d’une gratuité des services proposés. Ces données qui concernent vos habitudes d’achats, votre santé, vos habitudes ou non d’exercice physique, vos déplacements, vos photos, etc… sont toutes une source d’intérêt pour différents acteurs du marketing, du commerce, de la santé. Elles le sont aussi pour les forces de sécurité plutôt américaines où elles peuvent être exploitées en termes d’espionnage afin de favoriser les intérêts géopolitiques ou économiques américains.
    Et leur laisser à eux seuls bénéficier de la manne que représente l’exploitation de ces données c’est leur donner par exemple les moyens d’acheter toute entreprise numérique européenne qui aurait l’heure de leur faire de l’ombre…
    L’autre point clé, c’est la législation, au risque de me répéter, le Cloud Act et le Patriot Act, offrant la capacité à imposer l’extraterritorialité de sa législation. Cela impacte notre capacité à nouer des relations diplomatiques avec des pays qui seraient dans le collimateur US et ce quelques soient nos intérêts, et leur permet d’impacter les marchés avec lesquels nous pourrions faire affaire. Preuve en est, les différentes amendes imposées à des entreprises européennes (toujours sanctionnées plus fortement que les entreprises américaines) dans les affaires de contournement d’embargo… 
    Si nous prenons les concurrents chinois des GAFAMS, la situation n’est hélas pas meilleure voire pire. En effet le régime chinois est un régime dictatorial, qui n’a aucun goût pour les libertés individuelles ou la contestation à l’intérieur de ses frontières, mais aussi à l’extérieur… Choisir une application chinoise comme TikTok c’est fournir des sources d’images phénoménales à l’état chinois qui aura tout loisir de se créer des bases de données gigantesques des photos de la population mondiale, et quand on voit l’utilisation faite de la vidéosurveillance et de l’IA pour contrôler la population chinoise, il y a de quoi s’inquiéter.

    En conclusion

    Arrêtons d’être naïfs, si la globalisation des marchés nous a donné l’impression que le monde était un grand village, chaque joueur sur l’échiquier géopolitique mondial joue sa partition, celles des US n’est pas celle des Chinois, ni celles des Russes, et elles ne devraient pas être celle de l’Europe que cela soit en termes de défense ou de numérique.
    Pour le numérique, il faut prendre conscience que le gratuit n’existe pas vraiment, et qu’il faut accepter de payer le prix juste pour le service désiré. Il est à rappeler que ce qui se retrouve à notre disposition pour notre usage est le résultat du travail et de la créativité d’ingénieurs ou d’inventeurs, et qu’il est juste qu’ils en tirent une rémunération équitable, sinon cela sera par l’exploitation de vos données collectées lors de l’utilisation de ces différents outils.
    Encore une fois, c’est à nous conso-acteurs de faire nos choix en conscience. Mobilisons-nous !
     

    Emmanuel MAWET

    Lien :https://effisyn-sds.com/2020/06/08/souverainete-numerique-pourquoi/

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